Imaginons une ville au cœur du désert, un océan baignant la grève surchauffée, ou encore des cieux immenses chargés de voluptueux nuages. Toujours au premier plan, un petit peuple voilé de blanc qu’un souffle de vent semble se faire envoler. Ici un monde minéral, des cités fortes et denses vibrant dans la chaleur , presque des mirages. Là une terre piquée au vif dans des rouges intenses, ou adoucie de bleus tendres, de verts jade. Plus près de nous des personnages – petites taches claires sur fond de terre – qui, tels des éclats de vie nous transportent avec légèreté dans un univers poétique.
La peinture de Laurent Hours est nourrie d’une atmosphère étrange ; elle nous offre des instants de mémoire en nous racontant des histoires anciennes faites de terre, d’eau, de pierre et de soleil. Des histoires de villes disparues, évanouies ou n’ayant jamais existé, des déserts-océans éclaboussés d’ocre. C’est une peinture chaude et forte que, souvent, les personnages esquissés tentent de clamer comme une frange d’écume caressant le sable.
Laurent Hours a longtemps travaillé sur résine. Il avait alors choisi un support lui permettant d’obtenir une matière évoquant la fresque et les altérations du temps. Durant cette période inspirée par les murs dégradés et la patine des siècles, sa peinture a évoqué des architectures antiques, tels des théâtres animés ou prédominent les vestiges de monuments anciens. Cette mélancolie archéologique, cette fascination du passé ont peu à peu cédé la place à une œuvre allégée, plus poétique, à des images plus énigmatiques que le travail sur toile pouvait permettre la passerelle entre résine et toile se traduit alors par des fonds travaillés de nombreuses couches de couleur s’opposant et se mêlant les unes aux autres.
Laurent Hours cherche ainsi à obtenir une matière riche et profonde, assez proche en fait des patines du temps. Il délimite alors ses océans et ses déserts, construit ses villes puis dessine enfin d’un pinceau léger ses personnages pleins de mystère. Car la pratique du dessin est pour cet artiste un univers où il exerce toute son imagination. Il s’y plonge avec bonheur et délectation. Le papier, sous toutes ses formes, se transforme alors par sa plume ou son pinceau en œuvres d’une infinie créativité.